Lorsque nous échangeons avec nos collègues professionnels de santé pour la première fois, nous percevons souvent une certaine anxiété : oui, le mindful eating (manger en pleine conscience) suscite de l’intérêt, mais aussi des doutes.
L’approche du Mindful Eating prend sa source dans dans la Mindfulness (pleine conscience) thérapeutique, elle-même classifiée dans les thérapies cognitivo-comportementales de troisième génération. Pourtant, l’approche du Mindful Eating véhicule encore des idées reçues négatives.
Essayons de déblayer le vrai du faux sur quelques idées préconçues courantes :
1/ La Pleine Conscience (Mindfulness), c’est spirituel
Et bien non ! La pratique de l’alimentation en Pleine Conscience telle que nous la pratiquons et que nous l’enseignons est strictement laïque. Même si la Mindfulness trouve une partie de son inspiration dans le bouddhisme, les programmes structurés de Pleine Conscience tels que le MBSR, le MBCT ou les programmes de Manger en Pleine Conscience comme le MB-EAT et Mind-Eat ne font référence à aucune obédience ou croyance en particulier.
2/ La Pleine Conscience (Mindfulness), ce n’est pas pour tout le monde
C’est vrai ! Au-delà des situations contre-indiquées à la pratique de la Pleine Conscience et/ou de l’alimentation en Pleine Conscience comme les certains troubles psychiatriques, les états dépressifs non traités et l’anorexie, une petite proportion de la population (David Treleaven parle de 5% environ) ne répond pas bien à la pratique de la Pleine Conscience, sans identifier de causes précises. Il est donc important d’accompagner les patients dans la pratique avec douceur et précaution.
3/ Manger en Pleine Conscience (Mindful Eating), c’est trop s’écouter (et perdre le contrôle)
L’idée que le contrôle mental devrait contrôler l’alimentation est largement répandue. Cela s’exprime sous forme de régimes et de restrictions alimentaires, c’est ce que les thérapeutes appellent la restriction cognitive. La restriction cognitive fonctionne pour un faible pourcentage de la population (disons entre 5 et 10%), laissant le reste de la population dans le cercle vicieux et vertigineux de la culpabilité et de la honte, abimant ainsi gravement de comportement alimentaire et sabotant l’image corporelle. Aux antipodes de la restriction cognitive, le Mindful Eating redonne sa juste place aux sensations corporelles, aux émotions et aux pensées et prends soin avec une grande douceur du comportement alimentaire.
4/ Il n’y a pas suffisamment d’études scientifiques sur le sujet
C’est à la fois vrai et faux. La pratique du Mindful Eating est une pratique récente, les premières études scientifiques dates du début de années 2000, il y en aurait à date 68, abordant des aspects particuliers de manger en pleine conscience. Il est à noter que des meta-études ont vu le jour récemment, permettant d’avoir un panorama plus complet. En même temps, ces études ne sont pas encore suffisantes pour comparer la pratique par rapport à d’autres interventions thérapeutiques, mais ceci va venir, puisque des échelles de mesures viennent d’être proposées par la communauté scientifique.
5/ L’Alimentation en pleine conscience, ce n’est pas thérapeutique
Il est vrai que le MIndful Eating comporte un volet dit « non thérapeutique », celui de prendre plaisir à manger, à savourer, à découvrir les flaveurs et les saveurs de notre repas. Nul besoin d’être alors un professionnel de santé pour le pratiquer et le partager. Cependant, ce que nous proposons avec le programme Mind-Eat incorpore le volet thérapeutique du soin apporté au comportement alimentaire et à l’image corporelle – dans un contexte de surpoids, obésité, boulimie, hyperphagie, hyperphagie boulimique, ou encore compulsions alimentaires.